Sunday, December 16, 2012

Etes-vous un chercheur missiologue ou théologien?


ETES-VOUS UN CHERCHEUR MISSIOLOGUE OU THEOLOGIEN ?
Cette question m’est venue en tête quand je devais donner mon point de vue sur quelques projets de thèses en missiologie qui m’ont été soumis pour avis et considération sur leur conformité scientifique. Après avoir passé en revue les intitulés proposés, et après s’être rendu compte de quelques écueils liés à la formulation de ces projets de thèses, je m’étais mis à me poser un certain nombre de questions que voici. Plutôt que de fournir directement des réponses, je me suis servi de la maïeutique [de Socrate] pour faire réfléchir mes lecteurs et faire jaillir la vérité qui se trouverait en eux. En lisant les lignes suivantes, j’ose croire que votre feedback sera la réponse recherchée par ceux qui s’intéressent aux études missiologiques.
(1) Différence entre recherche missiologique et recherche théologique
En quoi les expressions « Réflexion missiologique » ou « Etude missiologique » sont-elles différentes de « Réflexion théologique » ou « Etude théologique » ? Comme je l’ai soulevé dans l’un de mes ouvrages (Missiologie : Identité, formation et recherche dans le contexte africain, 2011): En quoi une recherche missiologique est-elle vraiment différente d’une recherche théologique ? Si les candidats ne peuvent pas répondre à cette préoccupation, je crains que leurs thèses ne soient qu’une continuité de celles à catégoriser dans la rubrique de la théologie pratique. Dans ce cas, le débat qui a existé du temps de Gustave Warneck, lequel débat continue de marquer certains milieux où « missiologie égale une des branches de la théologie pratique ou de l’histoire de l’église » (cfr. Bosch, Transforming Mission,  489-498).
(2) La ligne de démarcation entre les études missiologiques et les études non missiologiques
Cette observation est un défi pour les « missiologues » en formation pourront suggérer demain. C’est aussi un défi pour nous qui enseignons la missiologie dans les contextes où les études missiologiques relèvent d’une nouvelle discipline en quête de positionnement dans le corpus académique traditionnel. Nous devons déjà nous prononcer là-dessus : En quoi les recherches missiologiques doivent-elles se démarquer des recherches « purement » théologiques selon le corpus en quatre branches hérité de l’allemand Schleiermacher (biblique, systématique, historique, et pratique)?
(3) Qu’en est-il des sujets évangéliques et ceux non-évangéliques ?
Une autre observation intéressante porte sur des sujets en rapport avec les « évangéliques », les « non-évangéliques », etc. Cela me rappelle un de mes ouvrages, ci-haut mentionné, où je pose la problématique de l’identité missiologique en existence : « missiologue-évangélique-conservateur », « missiologue-œcuménique-évangélique », « missiologue-évangélique-œcuménique », etc. Qu’en est-il de « pentecôtistes », « charismatiques », etc ? Comment tel sujet peut-il être qualifié « d’évangélique » et tel autre de « non-évangélique » ? Cela dépend-il de la « personne qui se dit évangélique » qui traite du sujet, ou de la « méthodologie de recherche évangélique » (s’il y en a !) ou encore du « sujet lui-même qui serait d’emblée évangélique » ? Malheureusement, la bibliographie citée dans certains milieux académiques ne tient même pas compte de cette réalité « évangélique » ou « non-évangélique ». Pour en réaliser la véracité, il importe simplement de consulter les travaux de fin d’études, mémoires ou thèses produits ici et là à travers les instituions théologiques de l’Afrique Centrale, pour ne citer que cette région à laquelle j’appartiens et j’apprends à connaitre.
(4) Ma conclusion et mon vœu pour l’avenir de la missiologie en Afrique (surtout francophone)
Ces quelques observations, mieux préoccupations, non exhaustives de surcroit, m’ont toujours interpellé depuis que je me suis intéressé à la missiologie en terme de spécialité à la fois en théorie et en pratique. Je crains cependant que mes observations soient traitées d’inopportunes ou des « préoccupations » d’ordre spéculatif et non académique. Du moins, d’une manière personnelle, je le crois, tout observateur averti ne s’en passera. Mon rêve à cet effet est de voir les missiologues africains faire la part de chose entre par exemple « l’exégèse théologique et l’exégèse missiologique » ; entre une recherche historique faite par un historien séculier ainsi qu’un historien théologien et une recherche produite par un historien missiologue ; un travail de recherche culturelle menée par un anthropologue non-missiologue ou un sociologue non-missiologue et celui produit par un chercheur missiologue ; une recherche faite par un théologien de la théologie pratique sur l’évangélisation ou sur l’encadrement des nouveaux convertis et celle faite sur les mêmes sujets par un missiologue. S’il n’y a pas de distinction, je recommanderai tout simplement qu’on cesse d’abuser l’adjectif « missiologique » pour s’accommoder à la tradition « théologique ».
Dr Fohle Lygunda li-M
Senior Lecturer: African Christianity and Mission Studies
Head of the Department of Missiology
International Leadership University, Burundi.
www.iluburundi-ftm.org
flygunda@yahoo.fr
Bujumbura, 16 Dec 2012

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